Origins. Chapitre 1. Partie 2.
Rien. Tout n’est rien.
Tout s’est doublé, et pourtant tout reste à faire. J’ignore plus encore en en sachant toujours plus. Chaque apport amène son contraire. Tout s’est doublé, si ce n’est ma satisfaction. Comprenant toujours plus, mon entourage s’affaisse, incapable de suivre, incapable de comprendre. Je me rapproche de moi-même, m’apprêtant à découvrir la solitude, coupé de toute entrave, en mesure d’enfin centrer mon esprit sur lui-même, sur ce monde dénué de sens, avançant sans cap, sans maître.
Me claustrant toujours plus, cherchant à atteindre ce qui ne se soumet pas aux sens de l’Homme, j’avance, impassible, hermétique à toute forme de loisirs oisifs, de contacts sociaux désuets et stériles, parasitant mon ascension. La compagnie de l’Homme, aussi indispensable soit-elle, n’en reste pas pour le moins inutile. La solitude ouvre les portes d’un monde riche de réponses et surtout de questions, tandis qu’elle ferme celles d’un paysage vide, futile et superflu.
L’accumulation, l’enchaînement, tout croît, tout s’accélère, tout prend sens. Enfin, en m’extrayant de cet amas d’inepties, je le vois sous toutes ses coutures, mêmes les plus abjectes. Enfin je comprends ce monde qui pense avoir, qui pense avancer, tandis qu’il n’est rien. Un traîneaux sans chiens. Une locomotive sans rails se précipitant au fin fond d’une voie sans issue. Il faut bâtir, mais pour cela il faut détruire. Tel le phoenix, ce monde renaîtra des cendres que j’aurai laissé. Sous mon joug, le monde avancera enfin sur un chemin éclairé, qui trop longtemps s’est laissé aller à l’aveugle, par le simple regard, simple et faux, loin de celui de l’âme.
Tout s’accélère. Je sais. Il était pourtant évident qu’il ne pouvait en être autrement. La clairvoyance attendait. Maintenant à jour, chacun de mes pas précédera un but, se renouvelant continuellement, pour que ne s’arrête jamais l’écoulement au sein du clepsydre. Je le sais. Enfin. Après que les jours aient défilés. Je dirigerai.
Rien. Tout n’est rien.